"A 18 ans, j'ai quitté ma province... Bien décidé à empoigner la vie... Le cœur léger et le bagage mince... J'étais certain de conquérir Paris" (Charles Aznavour - Je m'voyais déjà). En fait, non. Je n'ai pas quitté ma province, mais c'est à 18 ans qu'il m'est enfin possible de posséder une guitare. Tel un Saint Graal, elle m'est apparue, auréolée d'un halo lumineux, descendant du ciel...
Elle étincelait de mille feux. Lorsqu'elle m'a effleuré la main, j'ai senti la force entrer en moi, oui la force (dites-le avec la voie de Dark Vador, c'est plus marrant), vous savez, cette chose mystérieuse qui peut vous donner des ailes et vous persuader que rien n'est impossible. Je ne m'étendrai pas sur le sujet, mais du coup, j'ai effectivement envisagé une carrière dans la musique. La foule se serait pressée à mes concerts, les médias se seraient bousculés pour m'interviewer, le monde aurait reconnu cet immense talent jusqu'alors inconnu. La gloire, la drogue, l'alcool puis la dépression, l'enfer, le suicide... (oui, c'est à peu près le cursus classique dans le rock). Bon, moi, j'ai finalement opté pour une vie heureuse, alors, j'ai abandonné l'idée et l'insouciance de mes 18 ans a fait place à une prise de conscience adulte et rationnelle.
Pour m'aider dans cette prise de conscience, j'ai pu compter sur un allié de poids... mon talent. Ben oui, quand on n'a pas le niveau, on s'en rend vite compte. Ça a été mon cas. C'est dur de devoir faire ses gammes avant de maîtriser un instrument ! Il serait tellement plus facile d'avoir le jeu inné, juste bouger ses doigts pour que la magie opère...
Donc, pas de carrière, mais je vais tout de même faire illusion. Première guitare (Vantage électrique gaucher) en 1992, puis première démo en 1993, sans le moindre matériel adapté. Zebris Records Publication est né... sur des pavés glissants. A ce jour, le résultat obtenu m'émeut encore. Quatre titres, quatre façons d'entendre un Airbus décoller. Que ce soit le son ou bien la composition, mettez un réacteur à la place, c'est à s'y méprendre. Y a pas à dire, pour toute entreprise, on part souvent de zéro !
A cette époque-là, il ne me vient même pas à l'esprit de remettre en cause ce que j'ai produit. Je suis même plutôt heureux du résultat. Tant mieux, ça m'encourage à persévérer, mais attention, à force de courir sur des pavés glissants, on risque de se casser la... (à vous de compléter), adage qu'il m'est précieux de prendre en compte pour la suite.